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MAISON – Une exposition de poésie collective présentée au SKOL Par Jean A. Michaël

Cet article était écrit dans le cadre du projet Journalism Citoyen de la Table de quartier Peter-McGill. Le projet vise à faire entendre les voix des résident-es, étudiant-es et ami-es du quartier par les articles, photos, vidéos et balados. Vous êtes intéressé à contribuer? Contactez-nous au communicationpic@petermcgill.org ou 514-424-6614

Quinze jeunes adultes entre 17 et 24 ans, se sont rassemblés afin de découvrir leurs voix poétiques, ensemble, collectivement, tout en s’exprimant sur leurs rapports avec le quartier Peter-McGill. (Source: pamphlet de SKOL).  

Grâce à un fort esprit d’équipe, un travail assidu ainsi qu’au partenariat entre Innovation Jeunes et Le Centre des arts actuels SKOL, l’exposition de projet de poésie collective MAISON, dans le cadre du projet Racontes-moi ton quartier, a vu le jour.

Jeudi dernier, j’ai visité cette exposition située dans l’immeuble Belgo (un lieu historique de choix et très connu des Montréalais, pour ses galeries d’art et classes de Yoga).  

Ma surprise est toujours totale à chaque fois que je découvre la multitude des événements artistiques à Montréal qui reçoivent peu ou pas d’attention publicitaire, qui impliquent un groupe restreint d’organisateurs et de participants, et qui, malgré tout sont débordants d’enthousiasme et d’effervescence. Cette exposition en est un bel exemple.  C’est toujours fascinant de découvrir des ‘secrets bien gardés’. 

Dès mon arrivée, non annoncée, je fus amicalement accueilli par Fred, une étudiante en urbanisme, qui m’a expliqué son rôle et a répondu à mes questions. Je ne savais pas à quoi m’attendre, mais pas du tout!

Skol ExhibitRègle générale, lorsque je visite une galerie d’art moderne, contemporain, ou abstrait, je me concentre sur le message, et l’appréciation passe au second plan. Il n’y a pas si longtemps je faisais l’inverse, et j’étais carrément déçu en sortant. 

Plus tard, j’ai rencontré Sara, la poète montréalaise qui accompagna les jeunes dans l’écriture de leurs propres poèmes. Ses explications ont contribué à mieux comprendre le projet, ses objectifs et comment, en groupe, ils les ont atteints. Grâce à Fred et Sara, j’ai pu me concentrer à comprendre et apprécier.

La visite commence en se dirigeant vers la droite de l’espace d’exposition, où l’on découvre des photos Polaroid de petit format, représentant des berlingots ou plus communément des ‘pintes de lait’ que les photographes ont placés à différents endroits, lors de leurs randonnées exploratrices de leur quartier.

A ma gauche, des Polaroids plus grands, suspendus sur une corde à linge, avec des pinces-linge en bois, reliant deux ‘immeubles’, des berlingots aussi! Ces ‘immeubles’ sont décorés de graffitis, certains lisibles, d’autres pas; des fenêtres découpées par-ci par-là complètent le tout!   

Non loin de là, on découvre les poèmes, affichés dans un espace bien à eux.

En m’approchant, ce tout exprimait un vrai sens d’effort collectif; en les lisant un par un, le message de chacun ressortait.

Face à l’entrée de l’exposition, un écran improvisé sur la surface blanche du mur, reflétait les images, en couleur, affichées par un projecteur chronométré. Ce court diaporama nous faisait revivre les précieux moments que le groupe partageait lors de leurs ateliers de création au MBAM (Musée des beaux-arts de Montréal).     

Dans le centre de l’espace d’exposition, se trouvait une discrète et mystérieuse petite boîte qui nous invitait à échanger les petits billets qu’elle contenait avec les nôtres. 

J’en pris un, je l’ai lu, et ensuite j’ai écrit mon propre mot sur un nouveau billet.

Ah! Je venais de comprendre : cette petite boîte était une sorte de messagerie improvisée pour échanger des pensées exprimées en un mot! C’était une invitation à communiquer avec le groupe, ainsi qu’avec les autres visiteurs. Génial!   

La ‘Maison’ est un endroit, un lieu, pour les uns, et pour d’autres c’est un état d’esprit. C’est le message que j’ai capté en lisant leurs poèmes, et en regardant les différents objets de leur création. Malgré la modestie de cette œuvre, les jeunes ont bien réussi à transmettre leur message collectif et personnel. 

Leurs poèmes m’évoquent des conversations entre amis, en famille, avec soi-même, ainsi que des échanges amicaux dans leur quartier. Ces poèmes sont aussi l’expression intime et très personnelle des sentiments qui foisonnent dans l’esprit de leurs jeunes auteurs; certains expriment des sentiments simples, d’autre plus complexes; les dire serait possible, les écrire est préférable! Écrire, je trouve, facilite le partage.

Le diaporama ressemble à un album de famille feuilleté dans le confort de son chez-soi, et qui éveille des souvenirs de partage et d’amitié.

Les petites photos illustrent, pour moi, les événements, quels qu’ils soient, latents et insidieux de la vie, que l’œil nu ne peut discerner.

Les photos suspendues dans le vide, au-dessus d’une cour intérieure, entre plusieurs blocs d’appartements, évoquent l’atmosphère d’un vrai quartier où il fait bon vivre, où le vent sèche le linge, un tout cohérent qui dégage une forte appartenance et camaraderie. La corde à linge me rappelle aussi les moments difficiles, une corde raide inévitable, parfois, sur laquelle on marche et qui relie nos parcours de vie, nos points de départ et notre prochaine destination.  

Vous aurez raison de dire, en me lisant, que j’ai tout imaginé. Eh oui, grâce à l’exposition des jeunes du projet, j’ai compris, que très souvent, l’imagination individuelle, de concert avec l’imaginaire collectif, produisent ensemble une créativité unique, pleine d’énergie, qui ne peut qu’engendrer espoir et contentement. J’ai aussi compris que la petite boîte mystérieuse, qui nous invitait à échanger, leurs mots par les nôtres, est un bel indice pour nous révéler le message-clé de l’exposition : c’est la façon de ces jeunes participants d’aller nous chercher, et de joindre leurs voix aux nôtres. 

Invitation : si vous désirez nous communiquer vos commentaires sur l’expo, le projet, ou simplement sur cet article, ou bien vous exprimer en écrivant, en composant un poème, une photo, et même un fichier vocal MP3 avec vos pensées, veuillez communiquer avec: Viviane Cottle: benevolat@petermcgill.org

– Article et photos par Jean A. Michaël