Cet article était écrit dans le cadre du projet Journalism Citoyen de la Table de quartier Peter-McGill. Le projet vise à faire entendre les voix des résident-es, étudiant-es et ami-es du quartier par les articles, photos, vidéos et balados. Vous êtes intéressé à contribuer? Contactez-nous au benevolat@petermcgill.org!
Les conditions météorologiques exécrables du 27 janvier 2020 n’ont pas empêché une trentaine de citoyens et citoyennes du district Peter-McGill de participer à un café-discussion sur le logement. Les invités étaient Cathy Wong, conseillère de la ville pour le district Peter-McGill de l’arrondissement Ville-Marie, et Richard Ryan, conseiller spécialiste des logements.
A 18:20, la soirée commence avec la présentation des conférenciers par Andrew. Les deux conférenciers donneront une introduction, à la suite de laquelle ils répondront aux questions du public. La soirée s’est déroulée en français et en anglais.
Cathy Wong a présenté un exposé clair, concis et bien documenté de la situation du logement dans le district Peter-McGill. Elle a donné l’image d’une personne sûre d’elle, accueillante, ouverte. D’emblée, sa maîtrise du dossier de l’habitation a inspiré la confiance à son auditoire.
Mme Wong a rappelé à tous que l’habitation est de compétence municipale et québécoise. L’objectif visé des nouveaux développements est d’avoir pour 2021, 20% de logements abordables, 20% de logements sociaux et 20% de logements familiaux. A l’heure actuelle, 1 300 logements sociaux sont en construction, et 3 000 sont en cours de développement. La Coop de la Montagne verte est un exemple de logements sociaux.
Plusieurs thèmes ont été abordés par Mme Wong et M. Ryan (dans leurs présentations et dans les questions de l’auditoire), parmi lesquels :
- Premiers acheteurs. Une stratégie est mise en place par la ville pour permettre aux familles d’être propriétaires. Pour les encourager à cela, la ville “travaille très fort” (selon Mme Wong) pour que les nouveaux projets comprennent des écoles primaires, des espaces verts, etc.;
- Taux d’inoccupation. Il est aujourd’hui de 1,6%, ce qui est très bas. En effet, le taux devrait tourner autour de 3% pour permettre un bon renouvellement des baux. Avec un taux si bas, le conseil à court terme que les conférenciers peuvent donner est de s’assurer d’avoir signé un nouveau bail avant de déménager.
- Insalubrité. La ville embauchera un plus grand nombre d’inspecteurs pour examiner les logements insalubres.
- Children’s Hospital. Le promoteur s’était engagé à faire du logement social, ce qui a amené la ville à changer le zonage de ce quadrilatère. Cependant, il a brisé cet engagement, et la ville cherche à le poursuivre. Le dossier n’est toujours pas réglé.
- A la question « Prévoyez-vous une taxe sur les logements vides ? », la réponse est « non », mais des changements peuvent être envisagés plus tard
Le dossier des « logements touristiques » (qui comprennent les gîtes et les résidences touristiques) – plus familièrement, les logements Airbnb – a accaparé la majorité du temps des discussions et des questions. Selon M. Ryan, il s’agit d’un dossier « complexe ». Les éléments principaux de ce dossier, tels que décrits par les deux conférenciers, sont les suivants :
- Lorsqu’un logement passe du marché locatif au marché touristique, le nombre de logements disponibles pour l’habitation diminue.
- Il y a environ 400 logements touristiques dans le district, mais à l’heure actuelle, personne ne sait combien d’entre eux sont illégaux.
- Le terme de « Rénoviction » fait référence à la rénovation d’un logement suivie de l’éviction de ses locataires, dans le but de transformer le logement en logement touristique. La majorité des locataires qui subissent la rénoviction cèdent aux conditions du propriétaire, sans se battre à la Régie du Logement. Il y a eu dans le passé des évictions abusives, mais la ville peut aujourd’hui exercer un meilleur contrôle, grâce à des règlements en ce sens.
- Un propriétaire (ou un locataire, avec l’accord de son propriétaire) peut transformer un logement locatif en un logement touristique, mais pour cela plusieurs conditions s’appliquent. Il faut que ce soit dans le bon zonage. En particulier, à partir du 1er mai 2020, il ne sera possible de louer un logement à des fins touristiques que s’il s’agit du lieu de résidence principale. Revenu Québec mobilisera des inspecteurs pour appliquer ce règlement dont l’abus peut conduire à une amende de 25 000$.
- Jusqu’à maintenant, il n’y a pas de limite dans le temps au permis de logement touristique. Cependant, un autre projet de loi (prévu en automne 2020) permettra à la ville de révoquer ce permis en cas d’abus.
En deux mots, la rencontre était bien intéressante puisqu’elle a permis un contact direct entre les citoyens et les décideurs. Il semble cependant qu’il y avait un peu trop de temps consacré aux logements touristiques au détriment des conditions quotidiennes de logement (telles que coût, salubrité, accessibilité).
Quoi qu’il en soit, cette rencontre va certainement inciter tous et chacun à s’impliquer dans les décisions qui concernent leur ville !
Article par Philippe Finès
Photos par Corey Gulkin