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COMPTE-RENDU: Rencontre virtuelle concernant la cohabitation dans le Square Cabot, par Philippe Finès

Cet article a été soumis dans le cadre du projet Journalisme Citoyen de la Table de quartier Peter-McGill. Veuillez noter que les opinions exprimées dans ces articles ne reflètent pas nécessairement celles de la Table. Le projet vise à faire entendre les voix des résident.e.s et ami.e.s du quartier par des soumissions d’articles, de photos, de vidéos et de balados. Intéressé.e à contribuer? Contactez-nous au benevolat@petermcgill.org!

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Rencontre virtuelle concernant la cohabitation dans le Square Cabot, 20 mai 2021, 17:00-18:30

La rencontre virtuelle concernant la cohabitation dans le Square Cabot a été menée rondement par Maryse Chapdelaine, chargée de projet à la Table de Quartier Peter McGill, en collaboration avec Emma Campbell. Environ 50 personnes y ont assisté, toutes concernées de près ou de loin par les problèmes de voisinage du Square Cabot.  Tout au long de la rencontre, les intervenantes ont tenu à utiliser l’expression « personnes en situation d’itinérance » et non « itinérants » dans le but clair d’éviter la stigmatisation et le jugement hâtif.

  1. La réunion a commencé avec une excellente introduction de Cathy Wong, conseillère de la Ville. Comme toujours, tout au long de la soirée Mme Wong nous a livré des commentaires pertinents, généreux, bien documentés. Dans son introduction, elle a mentionné que la cohabitation dans le square Cabot fait appel à un délicat travail d’équilibriste entre les intervenants sociaux et communautaires, les résidents, les populations autochtones et non-autochtones, et les institutions de la ville, en particulier le corps policier.  Elle a parlé de solidarité entre toutes les parties impliquées, surtout dans le contexte du déconfinement prochain.
  2. Maude Séguin, conseillère en itinérance à la Ville a bien décrit le contexte des interventions de la ville : elles se font en partenariat avec le réseau de la Santé, mais c’est ce dernier qui est maître d’œuvre dans ce dossier. Selon Mme Séguin, la pandémie a exacerbé les situations d’urgence en itinérance, en forçant la fermeture de nombreux centres d’hébergement.  Pour pallier ce manque, la ville va implanter un plan jusqu’en mars 2022 pour ramener le nombre de places en hébergement à celui d’avant la pandémie. En particulier, elle ajoutera des places dans des organismes tels que Chez Doris, Open Door, des centres de jours et deux centres spécifiquement pour les autochtones, sans parler bien sûr de la grande tente au Square Cabot (voir plus loin). De plus, la ville compte implanter un « wet shelter » (centre avec consommation d’alcool médicalement supervisée).  Selon Mme Séguin, la pandémie a amené une créativité importante chez tous les intervenants et une nouvelle expertise. Par exemple, on trouve aujourd’hui de nombreuses haltes périphériques, ce qui veut dire que maintenant l’hébergement d’urgence n’est plus limité centre-ville.
  3. Nakuset et Alexandra Ambroise ont spécifiquement décrit le point de vue autochtone. Mme Nakuset nous a rappelé le drame de la mort de Raphaël André.  Quelque temps après ce décès, elle a eu l’occasion de parler à Yves Lafrenière, Michel Audette et d’autres intervenants, dans le but d’établir un hébergement pour les autochtones (mais non exclusivement pour les autochtones).  La grande tente au Square Cabot – qui porte d’ailleurs le nom de Raphaël André – a été installée dans ce but. C’est Alexandra Ambroise qui la gère depuis le 2 février, et sa clientèle a triplé depuis son ouverture.  Mme Ambroise a expliqué que
    • La tente a 15 places (des chaises longues) : 6 pour les femmes, 6 pour les hommes, 3 pour la rotation aux demi-heures;
    • 15 employés y travaillent;
    • La tente ouvre à 19 :30 pour les employés et à 20 :00 pour les usagers;
    • 75 plats chauds y sont préparés chaque jour;
    • Environ 90 à 125 usagers y viennent chaque nuit;
    • Et la tente est nettoyée durant la nuit et désinfectée à fond le matin.

De plus (information fournie par Maude Séguin), la sécurité est assurée par les Mohawks, ce qui constitue un arrangement très intéressant.

4. Marie-Claude Ouellet a ensuite présenté le Plan de cohabitation sociale : Square Cabot et environs, printemps-été 2021, en précisant qu’il s’agit d’un plan « en mouvement, sujet à modifications ». Ce plan, décrit en détail avec les noms des interventions et les dates importantes, comprend 6 axes :

    1. Soutien aux personnes en situation d’itinérance ou de marginalité;
    2. Intervention et médiation sociale;
    3. Sécurité, entretien et propreté. En particulier, l’organisme Cactus gère la récupération des seringues usagées.  Chaque résident, chaque résidente est invitée à composer le 311 si on constate qu’il faudrait ajouter des boîtes de récupération de seringues;
    4. Animation et occupation de l’espace public. Mme Ouellet a fait remarquer, non sans fierté, que, malgré la pandémie, les activités dans le Square en 2020 étaient presque aussi nombreuses qu’en 2019. De plus, elle a annoncé que le Café de la Maison Ronde a rouvert cette année;
    5. Communications;
    6. Coordination des actions.

5. Enfin, la période de questions a permis à chacun d’exprimer ses doléances et commentaires. Les questions étaient pertinentes; les réponses étaient claires et précises.

    1. Piétonnisation de la rue Sainte-Catherine. Entre Guy et Metcalfe, la rue Sainte-Catherine est piétonnisée les fins de semaine; par contre, entre Atwater et Guy rien ne sera fait avant le mois de septembre.
      1. Cristina D’Ariemo a affirmé que les terrasses sur ce tronçon sont installées sur les espaces de stationnement, ce qui ne devrait pas gêner l’espace disponible sur le trottoir; cette remarque a provoqué des réactions de nombreux résidents qui déploraient au contraire que l’espace pour circuler est très étroit là où on trouve des terrasses.
      2. Mme Wong a exprimé son exaspération devant le manque de collaboration des commerçants, de même que son expérience personnelle à essayer de faire circuler la poussette de sa fille.
      3. Mme D’Ariemo a repris en précisant que les commerçants accepteraient que le secteur entre Atwater et Guy soit piétonnier s’il y avait de l’animation, à défaut de quoi, ils préfèrent conserver les places de stationnement devant leur établissement pour favoriser les livraisons. Deux sondages seront faits cet été (au milieu et à la fin) pour avoir une meilleure connaissance de la situation dans ce secteur.
    2. Parc Hector-Toe-Blake. Une présence policière est assurée dans le parc (selon la police); par contre aucune animation n’y est prévue cet été, selon Mme Wong, qui encourage néanmoins les idées provenant des résidents.
    3. Évaluation : la question a été posée de savoir quels moyens seront mis en œuvre pour déterminer si le Plan de cohabitation sociale réalisera ses objectifs.
      1. Selon Maryse Bouchard, l’évaluation se fera avec des sondages de satisfaction. Elle a répété que le plan est évolutif et qu’il sera donc modifié si nécessaire;
      2. Mme Séguin a rappelé que le plan est assujetti aux normes du Réseau de la Santé et que c’est ce dernier qui effectuera les évaluations appropriées;
      3. Enfin, Mme Ambroise a mentionné que, depuis l’ouverture de la tente Raphaël André, 10 personnes sont sorties de la rue, ce qui a suscité des félicitations enthousiastes de tous les participants à la rencontre

6. Finalement, Mmes Wong, Chapdelaine et Ouellet ont conclu chacune avec les mots de la fin cette rencontre riche d’information, d’espoir et de réconciliation.

Philippe Finès