Cet article a été soumis dans le cadre du projet Journalisme Citoyen de la Table de quartier Peter-McGill. Veuillez noter que les opinions exprimées dans ces articles ne reflètent pas nécessairement celles de la Table. Le projet vise à faire entendre les voix des résident.e.s et ami.e.s du quartier par des soumissions d’articles, de photos, de vidéos et de balados. Intéressé.e à contribuer? Contactez-nous au benevolat@petermcgill.org!
par Martin Paraire
traduit par Philippe Fines
Alors que le soleil brille sur Montréal, les résidents sont témoins d’un phénomène endémique typique de cette saison: pendant que les étudiants et les travailleurs terminent leur session, durant quelques semaines, un curieux ballet dansé par une myriade de participants prendra place en ville, sur les trottoirs encombrés de biens abandonnés et dans les voitures surchargées faisant la queue dans les rues.
Les résidents vont maintenant entrer dans un jeu complexe de conquête, en utilisant la force brute ou le réseautage pour trouver leur nouveau lieu de résidence en ville. Comme les districts n’ont pas tous les mêmes règles ni les mêmes activités économiques dominantes, la recherche de logements abordables et l’accès à la propriété près de l’institution d’enseignement ou du travail constituent un sujet d’inquiétude pour les générations plus jeunes. Cependant, ce jeu s’applique aussi au district Peter-McGill, que la proximité avec les universités et les activités économiques denses rendent attirant.
Les données agrégées provenant de sites de petites annonces (où la plupart des étudiants vont effectuer leur recherche) peuvent être traduites en une grande carte de densité qui décrit le loyer moyen selon le lieu:
Les deux cartes montrent que le district Peter-McGill est situé dans la zone supérieure de la gamme de coûts: la majeure partie du district affiche un loyer de 1400$ pour un appartement d’une chambre à coucher, et les prix les plus élevés – avec des pointes de 1800$ par mois – se trouvent dans la partie sud du district. On observe une tendance similaire pour les appartements de deux chambres à coucher: un loyer moyen de 1600$ et des pointes de 2000$ dans la partie sud du district.
Les techniques de régression linéaire montrent que les caractéristiques des appartements sont corrélées statistiquement au lieu:
Une chambre meublée – qui est le type de logement le plus recherché par les étudiants – se loue 1524$ par mois dans l’arrondissement de Ville-Marie, et un appartement meublé de deux chambres à coucher se loue 1894$ par mois. La tendance des prix est loin d’être rassurante pour les locataires: une analyse des données montre une augmentation de 50%, ce qui affecte encore plus durement leur budget.
Non seulement les locataires font la course contre leur portefeuille pour trouver des logements abordables dans le district, mais ils doivent également faire la course dans le temps:
Le taux de survie, qui représente la durée d’une offre sur le marché, montre que les transactions sont rapides: 50% des propositions sont retirées en 5 jours ou moins, et la durée moyenne d’une proposition est 5.38 jours, ce qui rend la recherche de logement difficile pour les locataires.
À cause de la crise du logement, caractérisée par des augmentations rapides des loyers et une faible offre des logements disponibles – aggravée par les défis que pose la pandémie de COVID-19 – les locataires cherchent par tous les moyens à se loger.
Les conditions socioéconomiques du district obligent la plupart de ses résidents à être locataires plutôt que propriétaires. Par conséquent, ils sont très vulnérables à la fluctuation des prix du marché. De plus, même si la construction tentaculaire de condos à Montréal ne rassure pas les résidents quant à leur possibilité d’avoir à l’avenir des logements abordables, il serait difficile d’implanter d’autres solutions:
Même s’ils procurent un soulagement temporaire aux locataires, les transferts directs d’argents ne sont pas recommandés: ils permettent de soutenir l’inflation des prix mais contribuent aussi à un transfert direct des finances publiques vers la fortune des plus riches. De plus, il peut être difficile de construire des logements sociaux, étant donné le coût des terrains et leur segmentation en lots.