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Le visage de la pauvreté change

Cet article a été soumis dans le cadre du projet Journalisme Citoyen de la Table de quartier Peter-McGill. Veuillez noter que les opinions exprimées dans ces articles ne reflètent pas nécessairement celles de la Table. Le projet vise à faire entendre les voix des résident.e.s et ami.e.s du quartier par des soumissions d’articles, de photos, de vidéos et de balados. Intéressé.e à contribuer? Contactez-nous à mobilisation@cjemontreal.org!

Malheureusement, l’itinérance semble être l’accessoire préféré de notre ville bien-aimée, en addition aux cônes oranges et bagels, évidemment. Le district Peter-Mcgill paraît accueillir à lui seul une portion significative de nos habitants sans-logis. Plusieurs ressources oeuvrant contre l’itinérance se trouvent dans le quartier. Les réguliers de ce coin montréalais sont nombreux à reconnaître certains visages comme l’on pourrait reconnaître un tableau familier. L’article du comité en soutien à  l’Accueil Bonneau du Collège Jean-de-Brébeuf, « Le Visage de la Pauvreté Change », vise à déconstruire ce tableau que l’on pourrait croire familier, pour faire un portrait humain de ces personnes. Aussi incroyable qu’est notre ville bruyante et trépidante, Montréal peut aussi être négligente et froide face à au sujet de l’itinérance. Pourtant, les personnes en situation d’itinérance à Montréal correspondent à plus de la moitié des sans-abris du Québec (Caremontreal, 11 février 2022). C’est pourquoi le programme provinciale appelé «Stabilité résidentielle avec accompagnement» (SRA) a pour objectif de redécorer nos rues, et surtout, notre vision détachée. Depuis 2013, le programme SRA procure des logements permanents avec un minimum de conditions préalables et des soutiens personnalisés aux personnes en situation d’itinérance.

Le visage de la pauvreté

« Le visage de la pauvreté change », nous avons tous déjà entendu cette phrase souvent utilisée par les médias pour souligner les nouvelles problématiques suscitées par les inégalités sociales, sans pour autant en comprendre les implications. C’est bien beau de reconnaître que l’inflation diminue le pouvoir d’achat et que la crise du logement est à l’origine de l’augmentation catastrophique des loyers, mais on semble oublier que, face à ces nouveaux écueils, doivent être mises en place de nouvelles mesures pour épauler les individus dans le besoin.

L’approche «Stabilité résidentielle avec accompagnement» (SRA), testée pour la première fois à Montréal en 2013, s’inscrit dans cette lignée de pistes de solutions novatrices. Reposant sur le principe que le logement est une condition sine qua none à la réinsertion sociale, cette méthode vise à offrir la chance aux individus ayant traversé des épisodes d’itinérance d’avoir un toit au-dessus de leur tête. L’approche SRA se décline en deux pans, soit, la subvention d’une grande partie des coûts associés au loyer, et le suivi hebdomadaire des participant(e)s auprès d’un.e accompagnateur(rice). En plus d’assister au développement de l’autonomie et de s’assurer du maintien de bonnes relations entre locataire et locateur(rice), les personnes accompagnatrices aident les participant(e)s à surmonter leurs limitations induites par les expériences traumatiques auxquelles ils(elles) ont fait face par le passé. Cette dernière fonction est particulièrement pertinente, car une grande proportion de la population itinérante rapporte avoir été victime d’abus qui ont affecté leur capacité à interagir avec autrui ou à vivre autre part que dans la rue. Entre autres, plusieurs victimes de violences conjugales rapportent éprouver de la reviviscence lorsqu’elles sont dans un logement. C’est justement en vertu du caractère personnel du processus de rémission que l’approche SRA n’est pas délimitée par des contraintes temporelles au terme desquelles le ou la participant(e) serait laissé(e) pour compte.

Bien qu’elle en soit encore à ses balbutiements, l’approche SRA fait tranquillement ses preuves comme méthode efficace pour surmonter les nouvelles difficultés associées à la recherche de logement et à l’augmentation du coût de la vie. Elle est aujourd’hui utilisée par un nombre grandissant d’organismes communautaires dont le Projet Logement Montréal qui œuvre en collaboration avec l’Accueil Bonneau. 

Le comité en soutien à l’Accueil Bonneau