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Le son de Peter-McGill PAR Martin Paraire

Le son de Peter-McGill

par Martin Paraire (traduction par Philippe Finès)

Cet article a été soumis dans le cadre du projet Journalisme Citoyen de la Table de quartier Peter-McGill. Veuillez noter que les opinions exprimées dans ces articles ne reflètent pas nécessairement celles de la Table. Le projet vise à faire entendre les voix des résident.e.s et ami.e.s du quartier par des soumissions d’articles, de photos, de vidéos et de balados. Intéressé.e à contribuer? Contactez-nous au benevolat@petermcgill.org ! 

Pour un instant, essayons de nous représenter les sons de Montréal et plus précisément ceux du district Peter-McGill.  Puisque le district est un voisinage dense et occupé, on peut facilement imaginer les bouchons de circulation sur la rue principale pendant que les étudiants sont dans leurs cours et que les employés de bureau doivent se rendre au travail à temps.  Les véhicules qui klaxonnent, les moteurs qui bourdonnent dans les avenues, sont si bruyants qu’ils assourdissent les oreilles, surtout dans les segments les plus denses du district.  

Quelquefois on peut imaginer la forme que les bruits prennent: erratiques et pointus, épousant le rythme de la vie des résidents, ou, étonnamment, doux et calmes? Et si vous pouviez voir le son, le saisir sur une feuille de papier? A quoi ressemblerait-il, que nous dirait-il, pour notre jouissance de la vie et le bien-être des habitants du voisinage? Quelques rares échantillons ont été mesurés dans le voisinage: par la mesure de leur intensité et de leur fréquence, ils permettent de révéler physiquement les flots de bruit dans des endroits spécifiques du district.  

Le premier d’entre eux a été saisi sur l’avenue Sherbrooke, depuis le portail Roddick – où le premier échantillon fut pris – jusqu’à l’avenue Guy sans interruption. Le profil sonore montre ce à quoi on pourrait s’attendre d’un segment si animé du district, mais contient cependant des surprises: la plupart des segments verts, du portail Roddick jusqu’à la rue Stanley, incluent surtout le bruit des véhicules qui gémissent et hurlent alors que les cyclistes se faufilent. Il y a même des pointes de bruit toute la journée, qui font état de bruit excessif, en particulier lors des arrêts de la circulation. On peut trouver des havres sécuritaires sur le segment, par exemple sur la pelouse de l’Université McGill ou au Musée des Beaux-Arts.  

Ensuite, le graphique devrait vous aider à vous représenter vous-même sur la rue Guy près de l’université Concordia ou la rue Peel.  Des bruits de la même intensité que ceux observés sur la rue Sherbrooke se retrouvent ici aussi, mais avec une origine différente.  Même si la plupart des sons captés dans ce segment sont surtout d’origine automobile (voitures, sirènes), une grande partie des bruits viennent aussi de la construction et des travaux publics, dans une plus grande proportion que sur la rue Sherbrooke.  Entre autres, on a observé un bruit tonitruant au bassin du Havre, tellement fort que s’il s’était prolongé, il aurait pu avoir un effet dangereux significatif pour les résidents aux alentours.  

Pour notre échantillon final, nous montons vers le Mont-Royal, alors que la nature du son commence à se diversifier, avec un mélange de bruits humains et de bruits de la nature.  Encore plus étonnant: la pente du Mont abrite un mélange complexe de bruits de la nature, de la circulation automobile et des humains. Les parcs et bars environnants imprègnent ce coin de sons vivants, et malgré tout intenses. Cependant, même si on peut imaginer le Mont-Royal comme un havre silencieux dans la ville, les mesures montrent qu’il abrite tout de même des sons de haute intensité, parfois aussi forts que ceux saisis ailleurs dans le voisinage. 

Par conséquent, l’agrégation des mesures montre des profils intéressants en ce qui concerne la qualité de vie des habitants de Peter-McGill.  La plupart des sons du district comprennent des bruits aigus et de haute intensité, qui excèdent parfois les limites tolérables, et que les résidents doivent supporter toute la journée sans facteurs atténuants ni de législation à l’horizon.  En outre, notamment dans le centre de la ville, la plupart des bruits proviennent des véhicules et de la construction. Par conséquent, puisque nous que savons ces bruits font partie intégrante de la vie dans la ville et puisque nous savons que le trop faible nombre de coins silencieux représente un risque, nous avons toutes les raisons de nous mobiliser pour réclamer une législation portant sur les véhicules et la construction afin que chaque citoyen du district Peter-McGill jouisse d’une bonne qualité de vie.